
Concert : Le Melhoun au Féminin par Touria Hadraoui
A propos
Elle chante , pense, respire et parle en arabe. L'arabe maghrébin, bien sûr, le moughrabi, celui qui fait rire les académiciens du Caire et de Damas, l'arabe des terres berbères, qu'on taxe souvent d'impur ou de dialectal, mais qui existe dans toute sa splendeur dans les vieux poèmes du melhoune, que Touria Hadraoui fait revivre à merveille. Mais aussi l'arabe dit classique, tel qu'il continue à se pratiquer de Bagdad à Beyrouth et au Caire.
La chanteuse de Casablanca a consacré sa vie universitaire aux grands philosophes arabes de l'Age d'or islamique, ce qui donne le temps et l'envie d'épouser l'âme d'une langue, aussi sophistiquée soit-elle. "Avant Ibn Rochd et les autres grands philosophes arabes, mon premier choc fut d'entendre, à l'âge de 9 ans, la voix d'Oum Kalsoum, raconte-t-elle. Je ne comprenais pas tout ce qu'elle disait, mais elle m'a ouvert les oreilles, le cœur et l'esprit."
Son salon, décoré avec goût par les œuvres du peintre marocain Saladin, est d'abord un salon de musique. Instruments, manuscrits, disques : Oum Kalsoum, Abdel Wahab, les coups de cœur de son enfance. Marcel Khalifa, Mohammed Nejm, sa jeunesse militante dans les campus marocains. Et puis les passions d'aujourd'hui : le melhoune, l'arabo-andalou... A chaque objet, une histoire, qu'elle raconte avec minutie, comme lui a appris sa grand-mère, "puisque j'ai eu la chance de grandir dans une maison où la télévision n'était pas encore là".
Tewfik Hakem pour Le Monde
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